Restauration portail de la vierge, les origines

portes_portail_de_la_vierge.jpgPour ce dernier billet avant quelques vacances, nous allons examiner quels sont les éléments conservés lors de la restauration du portail de la vierge de la cathédrale de Metz en 1885. J’ai connaissance de quatre sources malheureusement peu précises. Je vous ai déjà parlé de la très bonne source que constitue les comptes rendus contemporains de la société d’Histoire et d’Archéologie de la Moselle. Nous avons vu dans le billet sur les dix vierges comment Charles Abel présente ses découvertes lors du dégagement du portail en 1868.
La seconde source sont les trois photos de Gonzalve Malardot réalisées également en 1868 que je vous ai présenté dans un précédent billet sur la restauration du portail. Je vous ai déjà parlé de ma troisième source dans le billet qui présentait les erreurs de restauration. Il s’agit de «Portail de Notre-Dame» de Paul Tornow, l’architecte allemand qui a été chargé des travaux de restauration, publié en 1885 par la librairie Even Frères à Metz pour l’inauguration du portail restauré.
J’ai depuis trouvé une nouvelle source. C’est «Études archéologiques sur la cathédrale Saint-Etienne de Metz» édité par Impr. de Delhalt de Charles Abel qui contient un chapitre sur le portail de la vierge. Également publié en 1885, il a cependant été rédigé avant l’ouvrage de Paul Tornow puisque on y apprend qu’il écrit ce chapitre après avoir appris que le portail allait être l’objet d’une transformation générale.

Toutes les sources s’accordent pour confirmer que le tympan est l’élément le plus ancien. Paul Tornow précise que seul la pierre fissurée en bas à droite a été remplacée.

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Ce tympan représente au centre la mort (la dormition) de la vierge. Sur la photo de Malardot, de meilleur qualité que la mienne (!), on reconnait les auréoles (nimbes) en forme de croix qui indiquent le Christ. Au chevet de la vierge, à gauche est barbu, Saint Pierre porte un encensoir ; à droite, imberbe,  Saint Jean. À l’étage inférieur les dix autres apôtres et deux anges. À l’étage supérieur, on voit le couronnement de la vierge par le fils. D’après Charles Abel, il apparaissait de façon très effacée une main bénissante nimbée qui n’a pas été restaurée. Pour Charles Abel, le vestibule à été construit plus tardivement. Il nous apprend également que, d’après la tradition, la statue de la vierge déhanchée qui portait l’enfant Jésus et qui se trouvait sur le pilier central avait été déplacé dans une chapelle de la cathédrale.

Les sources s’accordent également sur la présence des tympans latéraux dont la restauration a été fidèle comme on le voit sur le billet qui présentait les photos de Malardot.

vierges_folles_zoom.jpgNous avons déjà vu que Paul Tornow a fait corriger l’erreur médiévale en inversant la position des vierges sages et des vierges folles de l’intrados.

Sur les photos de Malardot, il est clair que la voute ne comportait pas les rangées de statues actuelles. Elles ont été ajoutées par Paul Tornow dans une volonté de reconstruction.  De la même façon, ni Paul Tornow, ni Charles Abel ne sont capables de décrire les statues monumentales. Charles Abel ne les mentionne pas. Paul Tornow ne parle que de débris.

Autres divergences : Paul Tornow identifiait le nombre et la place des sculptures symboliques alors que Charles Abel n’en parle pas. Charles Abel reconnaissait six anges sur le pilier central dont un contenait un phylactère en lettre gothique où se lisait Ave Maria gratia plena. Pourtant Paul Tornow voyait des traces de polychromie sur tout le portail que Charles Abel n’a pas noté vingt ans plus tôt.

symbole_luc.jpgPour terminer Paul Tornow identifie le moitié du symbole de Saint Luc ci-contre “en dessous des grandes figures” alors que Charles Abel reconnait sur les chambranles des portes les symboles classiques d’un calendrier saisonnier avec homme sciant du bois, femmes portant des ciseaux, nymphe avec urne déversant de l’eau, bucherons liant un  fagot, femme nu avec une faucille…    Certes le français avait vu le portail 20 ans avant l’allemand mais il avait rédigé ses découvertes avec 20 ans de retard. L’allemand comme le français ont été très approximatifs dans leurs relevés. Il est maintenant trop difficile de dater complètement ce portail qui relève en réalité plus du style néo-gothique du XIXième siècle que du XIVième.

Nous verrons dans un futur billet (à mon retour de vacances) quels ont été les choix artistiques réalisés par Paul Tornow.