Restauration portail de la vierge

Avant de faire exécuter les travaux de réparation et de consolidation qu’exige l”état actuel du portail d’angle de la cathédrale, l’architecte diocésain M. Racine, a eu l’excellente idée d’en faire faire une triple vue photographique. Malgré certaines difficultés pratiques, ce travail, confié aux mains habiles de M. Malardot, à parfaitement réussi. La vue générale surtout, ayant pu être prise à distante convenable est du meilleur effet.
Bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire de la Moselle - Séance du 15 mai 1868

Voilà ces trois photos :

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La première est la vue générale. je vous en ai déjà montré un extrait lors du billet sur le vierges folles. Si cette photo est du «meilleur effet» pour la société d’archéologie et d’histoire de la Moselle. Elle manque de détail et nous renseigne essentiellement sur l’état de délabrement général.

La seconde est une photo du tympan : (vous pouvez comme d’habitude cliquer sur les photos pour les avoir en haute résolution)

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Lors du billet sur le statues du portail de la vierge, je vous avais proposé le montage photo ci-dessous avec la pierre fendue, en bas à droite du tympan, conservée dans la crypte et l’état actuel :

restauration_tympan.jpg

Il apparaît qu’il y avait une volonté de restauration fidèle.

La dernière photo de Gonzalve Malardot va pourtant ouvrir de nouvelles questions :

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Il s’agit de la partie droite du portail. Si on remarque principalement la passion avec le crucifiement, la flagellation et le port de la croix, nous allons plus particulièrement nous intéresser aux vierges de l’intrados. Voici quelques zooms :

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restauration_vierges_folles_zoom.jpg
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Les vierges sages portent un foulard et tiennent leur coupes à l’endroit. Elles se trouvaient à droite du portail en 1868 et même si la restauration semble fidèle, elles sont de nos jours à gauche.
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Lors du billet sur les dix vierges je vous avais déjà présenté l’illustration de Charles Abel ci-contre, tirée de son “Archéologie de la cathédrale de Metz” publié en 1885 et on pouvait encore se poser la question s’il ne s’agissait pas d’une erreur de l’auteur ou de l’imprimeur. Le dernier élément déterminant est encore une fois un compte rendu de la Société d’archéologie et d’histoire de la Moselle qui date du 11 juillet 1867 et donc contemporain de la découverte.

M. Abel le premier donne l’explication des sculptures qui décorent l’archivolte ; le côté droit (côté du spectateur) est assez bien conservé. […] À la pointe de l’ogive est un personnage drapé, bénissant de la main droite : la tête a disparu mais la pierre à conservé la trace d’une nimbe crucifère. Il est facile, dit M. Abel, de reconnaître N. S. Jésus-Christ. Le personnage qui lui fait face est seul visible, il a le corps d’un homme nu avec les pattes d’un bouc ; il est encore facile d’y voir Satan.

M. Abel pense que l’artiste, créateur du portail, a voulu retracer la parabole évangélique des cinq vierges prudentes […] Il est présumable, à certains indices, que la maison disparue, on verra apparaître les cinq vierges folles avec leur lampes renversées.

vierges_folles_zoom.jpg Ci-contre une restauration sans doute fidèle mais inversée du Satan du portail (pour les amateurs de diableries).

On pensait que traditionnellement la partie gauche d’un portail (et donc la droite de la statue principale du trumeau) représentait le bien et la droite le mal. Le portail de la vierge de la cathédrale de Metz ne respectait pas cette tradition et a été inversé lors de sa restauration entre 1880 et 1885. Voilà de nouvelles questions à explorer et encore un contre-exemple aux données éternelles et aux vérités absolues.

Petite pensée compatissante pour le calotin traditionaliste : doit-il respecter la tradition du XVième ou du XIXième siècle ?