Les statues du portail de la vierge

Aujourd’hui il est temps de faire le point sur nos connaissances sur les statues du portail de la vierge de la cathédrale St-Etienne de Metz dont voici enfin une vue d’ensemble : (comme d’habitude vous pouvez cliquer sur l’image pour avoir une meilleure définition)

statues_portail.jpg

Pour l’instant nous n’avons identifié que les grandes statues que l’on peut clairement regrouper en 5 groupes :

Il apparaît également que l’on peut faire une lecture symétrique du portail.

Actuellement, avec les quelques éléments observés, il est difficile de dater ce portail.

Le style général de ces statues dans leur réalisme fait penser à un style gothique tardif du XIVéme XVème siècle. Elles sont très détachées des murs, ce qui expliquerait également l’absence d’auréole. L’iconographie est également dans une grande majorité classique de l’art médiéval : deux attributs caractéristiques, pieds nus, objets du martyr… Cependant plusieurs éléments sont inhabituels et doivent être examinés avec attention.

Voici les éléments qui ne semblent pas tout à fait cohérents : la représentation ancienne de Saint Clément, la représentation de Joachim et l’usage de la Synagogue, l’iconographie de Sainte Cécile et Sainte Lucie beaucoup trop sages au vu de leurs martyrs.

Il est temps de commencer à s’interroger sur les conditions de restauration du portail de la vierge.

Il faut déjà se rappeler que lors des travaux de la place d’armes de 1764 par Blondel, le portail de la vierge (ou portail Notre-Dame) a été muré derrière une galerie en arcades, symétriques aux arcades de la nouvelle Mairie. Plusieurs églises, chapelle et cloître ont été rasées pour dégager la place, mais c’est une autre histoire, que je garde pour d’autres billets.

Apparemment le style Louis XV a vite lassé et dès 1860 on envisage de demander à Viollet-Le-Duc de superviser la restauration de la cathédrale. On verra dans le bulletin de la société d’archéologie et d’histoire de la Moselle de 1860 les discussions passionnées qui ont amenées au compromis de ne démolir que les arcades. La démolition partielle semble avoir lieu en 1861. Après la guerre de 1870, Metz passe sous administration allemande. Sur cet extrait de photo ci-dessous, que je me suis permis d’emprunter à l’excellent site miroir du temps, on aperçoit le portail de la vierge apparemment toujours en travaux après l’incendie du toit de 1877, suite aux feux d’artifices en l’honneur de Guillaume II.

restauration.jpgCopyright : miroir du temps




La restauration sera essentiellement dirigée de 1880 à 1885 par l’architecte allemand Paul Tornow qui réalisera plus tard de 1898 à 1903 le grand portail de Jésus actuel. De nos jours on peut encore observer un élément du tympan d’origine conservé dans la crypte. Le montage photo ci-dessous permet d’effectuer une rapide comparaison malgré les angles de prise de vue différents :

restauration_tympan.jpg


Il est clair qu’il y a eu une volonté de restauration fidèle. Il reste cependant encore beaucoup de questions. Il s’agit de trouver quel était l’état du portail lors de la démolition des arcades puis quels ont été les éléments restaurés. La période de 1861 à 1880 a peut-être également vu plusieurs phases de restauration, comme le laisse le supposer la photo des travaux de 1877.